Chaque semaine entre Pâques et la Pentecôte 2021, à l’occasion de son message fraternel hebdomadaire, Mgr Christory notre évêque, nous parle de cette belle exhortation apostolique Amoris Laetitia dont l’Église a fêté les 5 ans de sa sortie le 19 mars 2021 dernier.
Extrait du message 116 du 9 avril 2021
Pourquoi approfondir ce texte ? Car le premier don de l’Esprit est la joie qui nous relie entre nous et parce que « la joie de l’amour qui est vécue dans les familles est aussi la joie de l’Église. » (AL1) Le Saint Père a inauguré une année sur l’amour familial (19 mars 2021-26 juin 2022). Son texte fait suite à l’Assemblée Générale Extraordinaire du Synode des Évêques en 2014 qui rassembla à Rome des représentants de l’Église Catholique du monde entier, conduisant à faire une complexe synthèse d’expériences, de préoccupations et de questions très diverses venues de cultures différentes de la nôtre. Si la fondation de la famille a sa source en Dieu (Cf. Gn 1-2), la figure qui réunit la multiplicité des situations de vie est pour le pape François le polyèdre. J’ose vous en donner une définition mathématique ! « Un polyèdre est une forme géométrique à trois dimensions ayant des faces planes polygonales qui se rencontrent selon des segments de droite qu’on appelle arêtes. » Ce polyèdre conjugue diversité et unité. Il y a donc le centre qui représente Dieu et son Amour universel et infini, et toutes les faces diverses qui signifient les réalités familiales propres à toutes les cultures humaines. L’Esprit Saint suscite la communion entre toutes dans cette diversité.Le texte aborde beaucoup de questions « en gardant les pieds sur terre » : le projet divin à la lumière des Écritures, la pastorale familiale, la préparation au mariage, le sacrement du mariage, l’éducation des enfants, les situations imparfaites, la fécondité, la transmission de la foi, l’épreuve de la maladie et de la mort, etc.Le premier chapitre intitulé « À la lumière de la Parole » dit comment la Révélation sur l’amour familial se manifeste dans les saintes Écritures. Le point de départ est le livre de la Genèse, dans les chapitres 1 et 2 qualifiés de « chapitres grandioses ». Ils affirment que l’être humain, homme et femme, est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. La notion de « sainte Trinité » dit la communion entre le Père, le Fils et l’Esprit. C’est pourquoi nous croyons en un seul Dieu dans une pluralité des trois personnes divines unies par un Amour infini. D’ailleurs comment aimer si l’on est seul ? Ainsi chaque être humain est créé à l’image de Dieu, est capable de relations d’amour. Le couple l’est en tant que couple qui touche à l’intime et devient fécond, quelles que soient les modalités de cette fécondité. L’amour conjugal exprime visiblement la communion en Dieu. Le pape l’exprime ainsi : « La fécondité du couple humain est l’image vivante et efficace, un signe visible de l’acte créateur. » (AL 10) Dieu se donne à voir au sein de la nature créée, l’homme et la femme l’expriment par leur harmonie et leur complémentarité. Toute la pastorale de l’Église consiste à renouveler et fortifier cette harmonie par la communication, la prière commune, une vie sexuelle épanouie, le pardon, l’accueil des enfants. Car la vie conjugale ne va pas de soi, nos modèles familiaux sont blessés, nos itinéraires ont pu être difficiles, nous sommes pauvres en humanité. Or nous ne sommes pas seuls, la puissance de l’Esprit Saint accompagne ceux et celles qui se mettent à son écoute. C’est dans la reconnaissance mutuelle de nos fragilités qu’opère la grâce et que grandit l’amour. Ayant reconnu en Ève celle qu’il recherche (Cf. Gn 2), Adam s’attache à elle et ensemble ils donnent la vie. « L’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair. » (Mt 19,5)
« La Parole de Dieu ne se révèle pas comme une séquence de thèses abstraites » dit le pape (AL22). Le Christ lui-même rencontre la dureté et même la violence au sein de la vie des hommes et du foyer conjugal. L’accueil des enfants, même si l’Écriture les regardent comme des « plants d’olivier » (Ps 128,3), la transmission de la foi, le foyer familial vécu comme « église domestique », tout cela n’ôte pas les difficultés du quotidien et la nécessité d’un grand courage. Heureusement l’aide divine est promise : « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur. » (Ap 21,4) Dieu se fait proche et vient vers l’homme : « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20) Une clé du bonheur selon la Parole de Dieu est la tendresse. Les textes parlent de l’enfant heureux contre sa mère et de Dieu qui, telle une mère qui soulève son nourrisson contre sa joue et le berce d’amour, veut faire découvrir tout l’amour qu’il veut offrir à ses enfants. (Cf. Os 11,1ss) Oui, Dieu est lent à la colère et plein d’amour, le découvrir est une grâce pour les époux.
Finalement le paragraphe 29 résume le plan de Dieu pour le couple : « Par ce regard, fait de foi et d’amour, de grâce et d’engagement, nous contemplons la famille que la Parole de Dieu remet entre les mains de l’homme, de la femme et des enfants pour qu’ils forment une communion de personnes, qui soit image de l’union entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. L’activité procréative et éducative est, en retour, un reflet de l’œuvre du Père. La famille est appelée à partager la prière quotidienne, la lecture de la Parole de Dieu et la communion eucharistique pour faire grandir l’amour et devenir toujours davantage un temple de l’Esprit. »
Dans mon prochain message, nous regarderons la réalité et les défis de la famille.